44

 

Le petit matin pointait sa robe grise au dessus de la forêt. Marianne grelottait. Elle décida de se remettre en route aux faibles lueurs de l’aube. Elle avançait lentement, parallèlement à la route. À l’abri de la forêt, sa plus sûre alliée. Sa seule alliée.

Elle avait froid, faim. Soif, aussi. Terriblement mal à son genou. Peur, surtout. Peur qu’ils surgissent. Peur de ce qui l’attendait.

Je le fais pour toi, mon amour. Seulement pour toi.

Elle avait du mal à marcher, ankylosée par des heures à se terrer dans un buisson. Sur la terre humide et tiède. En plus de l’entorse.

Elle voyait une voiture passer de temps à autre, au travers des feuillages épais. Elle fit détaler un chevreuil, prit le temps de s’émerveiller du spectacle. J’aurai vu ça au moins une fois dans ma vie... Elle écouta aussi les oiseaux fêter le déclin de la lune. Sensation de liberté sauvage. Étoile filante dans le ciel obscur de son existence.

Elle s’embroncha dans une racine, s’écorcha les genoux et les mains sur le sol. Hurla de douleur quand sa rotule s’écrasa par terre. Elle se redressa, s’appuya sur un tronc rugueux. Essaya d’y puiser la sève qui manquait dans ses veines.

Au loin, elle aperçut alors un camion sur la route. Elle se précipita sur l’asphalte en boitant, essuya une nouvelle gamelle sur le talus glissant. Puis se planta au milieu de la route en agitant les bras. Les freins du poids lourd grincèrent méchamment dans la descente. Les amortisseurs s’écrasèrent sous la masse mécanique lancée à pleine puissance.

Marianne se hissa sur la contremarche et le conducteur baissa la vitre.

Un moustachu jovial, très étonné de trouver une jeune femme au beau milieu de son trajet. Il avait plus l’habitude de voir traverser les sangliers et les cervidés à cette heure matinale.

— Excusez-moi, monsieur ! Vous pouvez m’emmener jusqu’à la ville la plus proche ? Il faut que je trouve une gendarmerie...

— Montez.

— Merci, monsieur, ajouta-t-elle en grimpant. C’est vraiment sympa à vous...

— Qu’est-ce qui vous est arrivé, ma petite dame ?

Il lorgnait son visage marqué et plein de terre, les brindilles accrochées à sa tignasse.

— On m’a piqué ma bagnole en pleine nuit, inventa-t-elle.

— Ben merde alors ! Je vais vous déposer à T. C’est le patelin le plus proche... Il y a une gendarmerie.

Elle se recroquevilla sur le siège, allongea sa jambe douloureuse. Une balafre trouait son jean. Elle ne put réprimer quelques claquements de dents.

— Vous avez froid ?

— J’ai passé la nuit dehors...

Il attrapa un thermos à l’arrière de son siège.

— C’est du thé. J’évite le café, ça me donne des brûlures d’estomac...

— Merci beaucoup, monsieur.

— Oh, mais de rien ! De rien, mademoiselle... 

 

Franck avait légèrement incliné son siège. L’oiseau au grand bec perforait encore sa matière grise. Un nœud coulant lui serrait les tripes. Il était au bord d’une catastrophe aux conséquences qu’il avait encore du mal à jauger. La fin de sa carrière, dans le meilleur des cas.

Le portable de Laurent vibra. Le capitaine décrocha à la va-vite.

— Ouais, Philippe... Non, ici non plus, toujours rien... Ouais... À plus...

Franck avait renoncé à errer sur la route. Avait eu l’idée de planquer à l’entrée de chacun des villages les plus proches de la propriété. Un à l’est, l’autre à l’ouest. Priant pour que Marianne suive la route principale. Philippe attendait à L., tandis que Franck et Laurent faisaient le pied de grue à T. Depuis des heures, maintenant.

— J’ai envie d’un café...

— Moi aussi, avoua le commissaire. Avec une aspirine dedans...

Ils virent passer un camion alors que le soleil montrait le bout de son nez au milieu d’une couche de nuages menaçants. Le 19 tonnes s’arrêta un peu plus loin, sur la place du village. Laurent se décolla du siège, se frotta les yeux.

— Nom de Dieu ! Franck ! Mate un peu ça...

Le commissaire se redressa à son tour. Une silhouette familière descendit du poids lourd. Marianne adressa un dernier signe de la main au chauffeur. Cible parfaite au milieu de la place encore déserte. Elle poussa la porte d’un café. Les flics sentirent leur cœur palpiter d’allégresse.

— Cette fois, on la tient ! murmura Franck avec un sourire venimeux. Préviens le petit... 

Marianne aurait pu se faire déposer devant la gendarmerie. Mais elle avait désiré un sursis. Un dernier avant le grand plongeon. Elle brava les regards baveux des poivrots du matin qui carburaient déjà au blanc et demanda un café crème avec un paquet de Gauloises – ils n’avaient que ça, ici – avant de s’isoler à une petite table collée à un flipper d’un autre âge. Le camionneur lui avait indiqué qu’elle trouverait la gendarmerie au bout du village. Juste descendre la rue principale. Pas compliqué. Mais Marianne n’était pas pressée de retourner dans l’arène. Elle voulait profiter de cet ultime moment de liberté. Un café dans un bar, même paumé, même craignos, c’était un peu comme un rêve.

Elle fit un détour par les toilettes, s’inspecta dans le miroir sale. Se nettoya le visage et les cheveux.

Tu dois le faire Marianne. Pour Daniel. Renoncer à la liberté. Elle hésita. Ils le relâcheront peut-être, même si je ne me rends pas.

Elle se mit à pleurer. Je dois être cinglée de vouloir me rendre ! Non, pas cinglée. Seulement amoureuse. Ça revient peut-être au même. Peut-être que l’amour rend fou... je ne peux pas le laisser payer à ma place. Je ne veux pas.

Elle remonta dans la salle et commanda un deuxième café crème avec deux croissants.

Autant affronter les képis avec le ventre plein.

 

 

Philippe grimpa dans la 307. Il avait parcouru les vingt kilomètres qui séparaient les deux villages en un temps record, usant la gomme des pneus de sa Kawasaki 750.

— Alors ? S’enquit-il en montant à l’arrière.

— Elle est dans le café, sur la place, expliqua le patron. Ça fait vingt minutes, maintenant...

— Vous êtes sûrs qu’il n’y a pas d’autre sortie ?

— Non, Laurent a vérifié. Quand elle sort, on peut pas la rater.

— On y va ? proposa le capitaine.

— Non. Autant rester discrets. On la chope dès qu’elle pointe le bout de son nez dehors... En douceur, si possible.

— Qu’est-ce qu’elle fout, là-dedans ?

— Je présume qu’elle prend un café, dit Franck en souriant. J’espère au moins qu’il est bon... 

 

Marianne en était au troisième,

Et si je leur téléphonais, simplement ? Je pourrais leur expliquer que... Ridicule ! Pas d’autre moyen que de se rendre. Ou de laisser mourir Daniel. Parce qu’avec Portier et sa meute, il ne survivrait pas longtemps à la maison d’arrêt de S.

Le patron s’approcha.

— Encore quelque chose, mademoiselle ?

— Oui... Un cognac, s’il vous plaît. J’ai besoin d’un remontant...

— Sans problème ! Un cognac, c’est parti !

Il revint avec un petit ballon. Marianne le régla à la santé du commissaire.

— Vous êtes du coin ? Bavarda l’aubergiste.

— De S., répondit Marianne avec un drôle de sourire. Le cafetier se creusa la cervelle.

— S. ? Là où il y a la prison ?

— C’est ça, acquiesça Marianne.

Il regardait son visage. Un peu abîmé. Comme si elle avait reçu des coups. Comme si elle sortait de l’enfer. Il retourna derrière son comptoir faire la causette à ses rentes bipèdes. Marianne consulta la pendule au-dessus du baby-foot rétamé. Huit heures quarante-cinq. La place s’animait.

Profite bien de ces derniers instants, Marianne. Elle s’accorda encore quelques minutes. Attendit que la petite aiguille touche le neuf. Descendit cul sec son cognac. Ferma les yeux, sentit une brûlure intense dans le gosier puis dans les profondeurs de ses entrailles. Dégueulasse, ce truc.

Elle se leva. Le patron la salua d’un signe de la main, les ivrognes se retournèrent. Elle se cala devant la porte vitrée, scruta les alentours.

Quelques voitures stationnées, deux ou trois forains qui s’étaient installés pour fourguer leur camelote aux péquenots du coin. Pas de Laguna en vue. Elle sortit enfin, claudiqua dans la direction indiquée par le routier sympa.

Rapidement aveuglée par ses larmes.

Pour toi, mon amour.

La 307 démarra doucement. Resta à distance.

— Dès que c’est désert, on fonce, murmura le commissaire. On s’arrête et on la chope.

— OK, répondit Laurent.

Ils traversèrent le village, loin derrière la jeune femme.

— On dirait qu’elle a du mal à marcher, remarqua Philippe.

— Elle a dû se blesser en sautant le mur...

Ils la virent s’arrêter peu avant une gendarmerie.

— Qu’est-ce qu’elle fout ? S’étonna Laurent.

— Elle doit avoir peur de passer devant les képis.

— C’est idiot ! répliqua Philippe. Ils ne peuvent pas se douter qu’elle est juste sous leurs fenêtres...

Laurent avait planqué la bagnole contre une maison et laissé tourner le moteur. Ils observaient tous trois Marianne, debout sur le trottoir. Tête baissée et mains dans les poches.

— Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ? Pesta Laurent. Elle va finir par se faire repérer !

— T’as raison, dit Franck. On y va, maintenant !

— Quoi ? Mais on va pas la choper juste devant une gendarmerie !

— Fonce, j’te dis !

 

 

Marianne se décida enfin et sécha ses larmes. Elle se remit en marche, le cœur déjà en taule. La peur collée au ventre, comme la buée colle aux vitres. Ils ne vont pas me tabasser, vu que je me rends ! Ils seront plutôt contents de faire la Une des journaux, les gendarmes de ce trou perdu !

Elle entendit alors des pneus crisser sur l’asphalte, se retourna. Elle ne connaissait pas la voiture qui fonçait droit sur elle. Une Peugeot noire. Mais elle distingua trois silhouettes à l’intérieur. Comprit enfin. Elle accéléra, mais impossible de courir sur une seule jambe. Les freins de la voiture écorchèrent ses oreilles. Franck et Philippe surgirent comme deux diables à ressort de la caisse. Marianne, presque à la grille de la gendarmerie, continua tant bien que mal. Ils la rattrapèrent sans forcer et Franck lui enfonça un flingue dans les côtes.

— Pas de conneries, Marianne... Tu montes dans la bagnole... Ils l’entraînèrent vers la voiture, elle se débattit. Il ne pouvait pas tirer ici, elle le savait.

— Au secours ! hurla-t-elle. Au secours !

Mais elle avait déjà la tête dans la voiture. Franck la poussa sur la banquette arrière sans ménagement et se colla contre elle, tandis que Philippe s’engouffrait à l’avant. Laurent appuya sur l’accélérateur, sans faire trop d’étincelles. Pour ne pas ameuter les képis. Marianne s’acharna sur la poignée. En vain. Laurent avait verrouillé la fermeture centralisée des portières. Philippe se retourna sur son siège pour aider Franck à la maîtriser. Le commissaire parvint à lui plaquer le visage sur ses genoux et, tandis qu’il appuyait sur sa nuque, Philippe lui passa les menottes. Pas facile de dompter une furie pareille dans l’habitacle étroit d’une voiture ! Mais la tigresse était vaincue. Elle se tassa contre la vitre sale, reprit sa respiration, ferma les yeux. Répit de courte durée. Franck l’attira brutalement contre lui.

— Échec et mat, asséna-t-il.

Elle tenta de s’éloigner de son regard de serpent, se garda bien de pleurer. Elle rêvait soudain que les gendarmes les prennent en chasse. Les rattrapent. Les arrêtent. Tout sauf affronter la fureur de Franck dont le visage était marqué au tabouret hêtre massif. Elle se ratatina contre la fenêtre. La route défila en sens inverse.

— Arrête-toi, ordonna soudain le commissaire.

Ils étaient au milieu de nulle part. Marianne se remémora les images terrifiantes de son rêve.

Mais non, ils n’allaient pas l’abattre en pleine forêt. Non, ils ont besoin de moi.

La Peugeot s’aventura sur une piste forestière déserte et sombre avant de stopper.

Les premières gouttes de pluie s’aplatirent sur le pare-brise. Mauvais présage. Laurent déverrouilla les accès et Franck s’extirpa hors du véhicule. Il en fit le tour, ouvrit la portière de Marianne.

— Descends...

Comme elle refusait de bouger, il l’empoigna par un bras et la sortit de force, tandis que ses adjoints descendaient à leur tour. Ils semblaient tout ignorer du plan de leur chef mais suivaient sans discuter. Franck poussa Marianne sur le chemin, elle chuta lourdement, trahie une fois de plus par son genou.

Il la releva par le blouson, l’obligea encore à avancer, histoire de s’éloigner de la route. Il la tenait par la nuque, la poussait brutalement. Puis il cessa enfin de marcher.

Elle ne lui connaissait pas ce visage. Aussi dur qu’une roche gelée.

Il lui colla une claque qui lui fit hoqueter le cerveau. Mais elle resta sur ses pieds, un peu par miracle. Replaça ses yeux en face des siens.

— Tu n’es pas très maligne, Marianne. Ça a été un jeu d’enfant de te retrouver !

— T’as eu de la chance ! rétorqua-t-elle avec audace. Que je me sois pété le genou en sautant le mur...

— De la chance ? !

Il se mit à rire. Ça sonnait comme une scie à métaux qui découpe de l’acier.

— Dis-moi, Marianne, tu comptais aller où avec tes soixante euros et ta rotule déglinguée, hein ?

Elle n’eut pas la politesse de répondre. Reçut un coup de poing qui, cette fois, lui fit goûter la terre humide. Son genou se plia encore de travers, elle hurla.

Philippe ferma les yeux quelques instants. Pour évacuer ces images à la limite du supportable. Marianne était couchée sur le flanc, pliée en deux. Franck l’attrapa par les cheveux, la mit à genoux. Nouveau hurlement. Elle essaya de se lever, il l’en empêcha. La pluie redoubla d’intensité, elle serra les dents. Le canon du 357 se plaqua sur son front.

— Alors, tu crois que tu vas jouer longtemps avec nous, Marianne ?

— Non, murmura-t-elle en louchant sur le flingue.

— Non ? Exulta le patron. T’as raison !

Philippe tourna la tête dans la direction opposée tandis que Laurent assistait à la colère de son ami sans broncher. Marianne fut à nouveau remise debout et poussée contre l’arbre le plus proche. Si fort qu’un moignon de branche basse lui perfora la chair, à côté de l’omoplate. Elle eut le souffle coupé, ouvrit la bouche pour crier, avala le canon du revolver. Un goût horrible de métal. Et les yeux verts de celui qui le tenait braqué, juste dans les siens. Qui étincelaient d’une fureur démentielle.

— C’est ça que tu veux ? hurla le commissaire. Tu veux que j’appuie sur la détente et qu’on en finisse ?

Elle hésita. Finalement, elle nia de la tête, sans geste brusque, pour éviter de faire partir le coup de grâce.

— Si je tire, ta tronche explose ! On retrouvera des morceaux de ta cervelle un peu partout... Et tu peux pas savoir comme j’ai envie de tirer, putain... !

Elle réitéra son non. Il enleva l’arme de sa bouche. Elle crut que c’était terminé. Mais Franck avait eu peur. Une nuit entière à accumuler un stress qu’il fallait maintenant vomir. Sur elle. Il la saisit par la gorge, la cloua contre l’écorce. Remuant le pic en bois toujours planté dans sa clavicule.

— Quand on rentre, je finis de m’occuper de toi...

— Je... Je voulais juste...

Une droite en pleine tête l’empêcha de s’expliquer. La désempala de l’arbre. La précipita dans la boue. Elle cracha un peu de sang. Philippe supplia Laurent du regard, eut la sensation de s’adresser à une sorte d’iceberg. Marianne gémit une phrase en se contorsionnant de douleur. Franck ne prit pas la peine de la laisser finir, lui flanqua un coup de pied dans les tripes. Elle manqua de s’évanouir. Il la releva, une nouvelle fois. Elle bégaya quelques mots face aux yeux verts.

— Voulais... gendarmerie... Daniel...

Le commissaire n’avait saisi que le prénom au milieu du magma sanglant qui coulait de la bouche de la jeune femme.

— Tu commences à me casser les couilles avec ton maton ! Tu vas voir, je vais te le faire oublier, ton mec ! Quand je te serai passé dessus, tu te souviendras même pas de lui !

— Non ! supplia-t-elle. Arrête !

Il allait encore frapper mais une main se posa sur son épaule. Une poigne un peu ferme,

— Ça suffit, Franck, ordonna doucement le capitaine. Calme-toi, maintenant. ...

Franck le repoussa brutalement avant de considérer sa victime et de réaliser jusqu’où l’ivresse colérique était en train de l’entraîner. Jusqu’à quelles extrémités, quelles horreurs. Mâcha Marianne qui glissa doucement jusqu’au sol. Elle haletait, gémissait.

— On rentre, dit-il d’une voix sèche.

Philippe la releva avec précaution, l’escorta jusqu’à la 307 tandis qu’elle pleurait toutes les larmes de son corps. Franck monta à l’avant, Philippe à l’arrière avec Marianne. Elle se décomposait dans ses bras, traumatisée. Elle sanglotait si fort que Franck s’enflamma à nouveau.

— Fais-la taire !... Fais-la taire, sinon...

— Chut ! murmura Philippe. Chut, Marianne...

Elle serra les mâchoires pour étouffer la frayeur.

— C’est fini, ajouta le lieutenant.

— Oh non, c’est pas fini ! rétorqua Franck. C’est loin d’être fini... !

Meurtres pour rédemption
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